Fredy Rajaonera - Président du SIMLes changements prévus dans la Loi de finances rectificative (LFR) 2015 pourraient nuire à la production locale, selon le président du Syndicat des Industriels de Madagascar (SIM), Fredy Rajaonera. Alors que nos industries font face à diverses difficultés, les dispositions du projet de la LFR risquent encore d’aggraver la situation. Interview.

Midi Madagasikara. Comment se porte actuellement le secteur de l’industrie ?

Président du SIM. La situation est assez difficile. A cause du problème énergétique de la concurrence déloyale, etc. nous faisons face à une urgence avérée. Des unités industrielles sont à l’arrêt. Et aujourd’hui encore, les industries du pays seront une fois de plus victimes, si le projet de LFR est voté tel quel. Cette loi ne valorise pas les produits industriels locaux. Au contraire, elle favorise les produits importés.

Midi. Etes-vous contre l’adoption de cette LFR 2015 ?

SIM. Oui ! La SIM est contre cette LFR. Et nous avons déjà remis des propositions au président de la République et faisons du lobbying auprès du président de l’Assemblée nationale, ainsi qu’aux présidents des commissions industries et finances de cette institution. Pourquoi ne pas bien préparer la loi de finances 2016, comme il ne reste que quatre mois avant la fin de l’année, au lieu d’une LFR défavorable à l’économie locale ? Le secteur privé aurait été heureux de donner à cette LFR, un équilibre entre ses intérêts et ceux de l’Etat. Mais nous savons que cette loi favorise plutôt les produits importés et prévoit, entre autres, un doublement des[RA1]  accises sur une catégorie de produits transformés et produits par des industries malgaches, ou encore, un alignement des droits d’accises des produits finis importés à ceux des produits nationaux fabriqués localement. Spécialisée sur les cigarettes, une des sociétés concernées pourrait être obligée de fermer son agence à Mampikony. De même dans la filière des boissons hygiéniques, des unités de production risquent de fermer. Par ailleurs, les changements en cours d’année brouillent la visibilité des opérateurs.

Midi. Concernant le délestage, quels sont réellement les impacts ?

SIM. Des surcoûts. Outre les groupes de secours pour les unités qui doivent en disposer, il y a également le temps perdu et les charges dans le chauffage des machines. Nous ne pouvons plus faire de production planifiée, à cause du problème d’électricité. Certes, la Jirama fait des efforts pour communiquer au public les horaires des délestages quotidiens. Mais dans la gestion, cela n’arrange pas grand-chose. Il nous faudrait un planning hebdomadaire de délestage à chaque début de semaine, pour améliorer la planification. Des dispositions sont entreprises par la Jirama pour trouver des solutions à la production énergétique, mais la procédure administrative est longue et complexe. Celle-ci doit-être allégée dans un tel cas d’urgence avérée. Dans tous les cas, l’Etat doit trouver des solutions rapides à ce problème.

Midi. Le Code de l’industrie est-il prêt pour bientôt ?

SIM. La mise en place de ce Code figure parmi les objectifs du syndicat, dans notre mandat 2015-2017. Dans ce cadre, nous sommes appuyés par la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Un cabinet a déjà été recruté pour l’élaboration de ce Code. Une première ébauche sera présentée en octobre prochain, et la version finale devrait être prête en 2016.

Recueilli par Antsa R. (Source : www.midi-madagasikara.mg)